samedi 28 février 2015

Exposé : Les lieux dans l'oeuvre par Edmée Triaux, Delphine Barhi Murad et Anissa Bien (TL2)


Les Mains Libres , Man Ray & Paul Eluard
Les Lieux


INTRO :
Les Mains libres, recueil de Man Ray et Paul Eluard paraît en 1937. Il est constitué de dessins illustrés de poèmes. Ce recueil est une parfaite illustration de la démarche et des recherches des Surréalistes qui refusent les catégories esthétiques et qui envisagent l’art comme un instrument de libération et de révolution.
Dessins et poèmes font référence au rêve et à l’activité inconsciente. Quelques mots parfois suffisent au poète pour illustrer l’image.

 La nature
La glace cassée (I) ; Les mains libres (I) ; Main et fruits (I) ; Le temps qu’il faisait le 14 mars (I) ; Plante-aux-oiseaux (I) ; La plage (I) ; Paranoïa (I) ; Des nuages dans les mains (I) ; Feu d’artifice (I) ; Où se fabriquent les crayons (I).

c. Les paysages
Paysages seuls ou arrières plans sont présents dans 20 dessins. Les châteaux forts, crénelés, les ponts, les plages, les ports sont les plus fréquents. Quelques dessins de centre-ville complètent cet inventaire. Les plantes sont aussi un motif présent, parfois en pot, parfois démesurées, parfois plus réalistes. Les animaux sont rares, on trouve quelques représentations d’oiseaux, quelques poissons, un serpent géant.


I/ : A – Un espace-temps déréalisé et onirique.

Beaucoup de dessins du recueil sont consacrés à des lieux, des paysages et beaucoup de poèmes font référence aussi à des lieux mais pas forcément visibles ou clairs mais tous traduisent cette volonté paradoxale d’exprimer le monde tel qu’il est tout en faisant appel à l’imaginaire => ce sont des « lieux » au sens de Bonnefoy qqs années plus tard, autrement dit un espace rêvé qui à partir de l’espace perçu exprime à la fois l’insatisfaction, l’espoir, la crédulité, le départ, la fièvre… => une sorte de représentation symbolique de l’infini et de l’éternel inclus dans l’ici et le maintenant. - Des lieux irréels et fantasmés : * Des « images-tableaux » (Maryvonne Meuraud) : beaucoup de dessins de MR ont une ambition réaliste ms il rajoute très souvent des éléments surprenants et insolites voire fantastiques et ce sont ces éléments qui retiennent l’attention d’E et conditionnent son illustration = une illustration qui répugne donc la logique linéaire du discours et qui passe davantage par des images essentiellement visuelles, des « images-tableaux » => poèmes qui deviennent alors une suite de notations brèves et d’images fondées à la fois sur la richesse sonores des mots (signifiants) et sur la diversité sémantique (signifiés) : ils mettent en valeur ce que connotent les dessins de MR plus que ce qu’ils dénotent. EX : « Le Château d’If » (94) : il traduit déjà le caractère massif du bâtiment « grande maison » avec un aspect d’ailleurs théâtral car « décorés » et « toiles » renvoie à cette scène de théâtre mais le mot « araignée’ apporte la connotation de négligence, d’abandon voire de vide + vide marqué par les allitérations en [k] ou assonance en [o] => signifiant et signifié se rejoignent ici et le mot se réfléchit dans les sonorités qui le redoublent en un effet spéculaire sous-entendu d’ailleurs ds le dessin avec ce personnage vaniteux et narcissique.  poème s’accorde au dessin d’un lieu à partir des images mentales que celui-ci peut engendrer.




Le lieu comme image mentale :

des lieux assez surnaturels peuplés souvent de fantômes, d’ombres, de silhouettes féminines, des animaux étranges ds les dessins comme le serpent, des oiseaux => aspect premier est celui du rêve et de l’imagination et c’est cet aspect onirique du lieu que privilégient E = c’est d’ailleurs un lieu poétique en soi ds la mesure où c’est un appel vers un au-delà inconnu, comparable au rêve. EX : « Le Tournant » (59) : poème qui ne décrit rien du dessin, pourtant le verbe « espérer » évoque la promesse d’un ailleurs où se dissimule un être fabuleux dont la main gigantesque enserre une falaise anthropomorphe, idem : la main est peut-être une projection de ses propres désirs érotiques inavoués, l’image mentale de « ce qui est interdit » => par le lieu extérieur, le poète traduite une disposition psychologique, un aspect de son intériorité et donc le poème prolonge alors le dessin en lui donnant une profondeur.

Le lieu comme symbole :

image du « paradis livide » conférée par E à propos du ciel donne dimension symbolique aussi bien ds les dessins de MR que dans les poèmes d’E = image de l’Eden et de la Chute qui est suggérée par le dessin de la page 42 qui met en scène un couple nu sous une rose dont l’épine rappelle le caractère menaçant. Idem pour le poème qui, sans fr appel au paradis perdu, évoque un univers riche et fécond où tout prolifère + idée de genèse très fréquente ds le recueil : souvent vue comme un moment de fusion entre les quatre éléments comme dans « La Plage » (82) et « Histoire de la science » (81) --> ensemble des lieux chez Eluard et aussi chez MR évoque l’histoire de l’homme en général et les grandes étapes de notre civilisation avec la Grèce ancienne ds « L’Aventure », le M-Â avec les dessins de château, l’époque moderne avec « La Liberté » et sans compter « La Marseillaise » (98), titre donné par E comme une référence à l’hymne révolutionnaire  presqu’un engagement des artistes qui souligne la nécessité d’agir et de se guérir de la plaie mortelle de la solitude et des poèmes d’ouverture au monde et à l’autre…


Ex : le poème le tournant
a. Description
C’est un paysage réalisé au crayon.

Au premier plan se déroule une 
route de montagne, dessinant un grand tournant orienté vers la droite, et soutenue par un haut mur maçonné, pourvu de grandes arches.

Sur la droite du dessin, l’artiste a représenté le pan de la montagne surplombant la route, avec, à son sommet, quelques 
arbres faméliques.

Presque à la jonction de la montagne et de la route, 
une énorme main enserre la roche. On ne distingue que les phalanges, la paume et le bras qui sont cachés derrière le virage.

Au second plan, figurée en contre-bas de la route, une 
maison, dotée d’une tour, est lovée dans ce qui semble être une forêt.

L’arrière-plan représente 
une baie au bord de la mer et un ciel nuageux
b. Un lieu
Ce dessin est vraisemblablement la représentation de la baie de Nice, vue de la grande corniche en venant de St Jean Cap-Ferrat.



Le poème peut résonner dans le dessin, en désignant la route, qui tourne et va à la rencontre du corps de cette main, comme une métaphore du rêve, de l’hypnose, de la psychanalyse, qui permet de découvrir ce qui était jusqu’alors interdit.





Château : 


Annie Le Brun a mis en évidence (Les Châteaux de la subversion, « Folio essai ») l’importance du château ans la littérature noire depuis la fin du XVIIIe siècle, lieu de l’enferme-ment, du fantasme à l’intérieur de soi.
Les surréalistes, grands amateurs de Sade, ne peuvent que souscrire. Ici quatre châteaux (« Les tours du silence », « Le château d’If », « Château abandonné », dont un très explicitement érotique, « Les tours d’Éliane », qui ne joue cependant pas sur l’enfermement de la femme mais fait de son corps une forteresse difficile à conquérir : « Un espoir insensé / fenêtre au fond d’une mine ». Notons que Breton, cité par Eluard dans Poésie intentionnelle, avance cette formule : « UN CHÂTEAU A LA PLACE DE LA TÊTE ». La forteresse métaphorise en effet l’espace dans lequel sont enfermées les images et les possibilités sadiennes du désir.


Conclusion
Comme on a pu le voir précédemment les lieux on une importance aussi grande ou égale a plusieurs éléments dans cet œuvre tel que la couture , la femme ou encore les rêves . Chaque lieu a une signification particulière , ils n'ont pas était choisis au hasard.

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