samedi 28 février 2015

Exposé : Le Désir et ses pièges par Alexia Boyou et Lola Ducouret (TL2)

Le désir et ses pièges 

1. Le désir évoqué par la femme.
1. Dans les dessins, femme omniprésente.
2.Dans les poèmes, cachée mais bien là.

2. Ses risques et ses pièges.
1. Les risques pour le poète.
2. La femme désirée mais dangereuse.

Problématique : Dans quelle mesure le désir et ses pièges rythmes t'ils l'intégralité des Mains Libres ?

Intro :  Dans ce recueil les dessins  paraissent simples, enfantins, parfois. Comme sont simples les mots de Paul Eluard qui a illustré avec des poèmes les dessins de Man Ray avec des verres qui expriment clairement la recherche de la femme, de la fusion dans l'amour et du désir. Le désir engage nécessairement deux êtres. Il est une projection de soi sur l’autre et la nécessité de combler un manque pour parvenir à une forme de bonheur, qui passe par la présence de l’autre. Le désir vient de la volonté de retrouver une unité perdue. Dans ce recueil c'est d'un double désir qu'il est question, celui du dessinateur et celui du poète. Aucun voile de pudeur ne recouvre le dessin, ni n’atténue les mots, le désir érotique est clairement exprimé. Le corps devient « un objet » à étreindre, à posséder. Ceci est renforcé par la présence du dessin qui souvent se montre encore plus explicite. Dans Les Mains libres, la plupart des dessins de Man Ray représentent des femmes nues et des visages marqués par le désir ou dévoilant un sein (Cela représente 24 dessins sur 36).
Dans le premier texte page 9 que Paul Eluard écrit à propos de Man Ray, il fait apparaitre les dessins de celui-ci comme des évocateurs du désir. Comme si le seul but de Man Ray était de faire ressortir la beauté qu'il y a en toutes choses. (lire le texte)

1. Le désir évoqué par la femme. 
1.Dans les dessins, femme omniprésente.

La femme est représentée à 34 reprises dans les dessins de Man Ray, le plus souvent nue, dans des positions d'offrande les yeux fermés.


  Comme par exemple dans Le Don  page 26, où le corps de cette femme prend l'ensemble de l'espace. Cheveux en arrière buste en avant, les yeux clos,  elle s'offre entièrement à nous, ses cheveux longs qui tombent dans son dos évoquent la liberté d'une cascade. Ce dessin est chargé d'érotisme, d'abord puisque cette femme est nue et ensuite puisque qu'elle est dans une position de vulnérabilité complète. 

Egalement dans Pouvoir page 67, où cette immense main d'homme qui empoigne le corps de cette femme nue évoque le désir brut. Puisque que c'est comme si cette main désirait énormément ce corps et maintenant qu'il le tenait n'était pas près de le laisser s'enfuir. On peut deviner que cette main est crispée grâce aux veines qui ressortent du poignet et que cette femme dont on ne distingue que le bas du visage est dans l'impuissance de faire quoi que ce soit pour se sortir de son étreinte. Elle lève d'ailleurs les bras en signe de soumission. 

Enfin dans Le Désir page 20, cette femme n'est cette fois pas nue mais pour le peu qu'on distingue de son habit elle semble assez richement vêtue. Ses traits sont fins et sérieux et elle semble regarder quelque chose au loin. Le désir est évoqué dans ce dessin encore une fois par la présence de la main d'un homme qui attrape les cheveux de la femme. Il y a une opposition entre la délicatesse de la femme insensible et la violence de la main crispée, brutale et impatiente de l'homme qui ne paraît pas capable de contrôler son désir pour cette femme. 


2. Dans les poèmes, cachées mais bien là.


Dans le poème L'Attente page 92, les araignées sont absentes du poème d’Éluard mais suggérées par le dessin. Comme l’araignée tisse patiemment sa toile, le poète intitule le couple du dessin et du poème L’attente, suggérant la patience bien sûr, mais aussi la nostalgie et la mélancolie. Aux dix fils tendus par les mains à partir desquels se tisse la toile, il n'y a qu'un seul vers, un alexandrin, qui à lui seul exprime le sentiment produit par le dessin. Ces mains qui dans Pouvoir étaient prédatrices et tenaient un corps de femme, ne tiennent dans L’attente qu’une toile d’araignée : le désir n’a pas pu être satisfait, l’araignée qui guettait sa proie n’a rien attrapé. 

Dans l'Evidence page 17, le début de la première strophe semble parler de la nature jusqu'à ce que le poète s'adresse directement à quelqu'un avec "joignent tes yeux" et ensuite avec " toi tu gardes ton équilibre". Après avoir relu ce poème il m'apparait comme un éloge à une femme mystérieuse et forte. Objet encore une fois du désir du poète.

Aussi dans le Don page 26, Eluard utilise le pronom "elle" donc on se doute qu'il parle d'une femme mais à y regarder de plus près il y a un érotisme caché dans ce poème. Puisque le sexe de la femme est évoqué avec "figue" et "fille noir". La femme apparait comme un objet de désir suprême que le poète compare au soleil avec "elle est le plein soleil sous mes paupières closes".


2. Ses risques et ses pièges. 
1.Les risques pour le poète.

Le poète prend de grands risques pour lui-même en se laissant aller à ce désir pour la femme comme nous le montre ces poèmes : 
Dans Solitaire page 49, deux mains entrelacent un fil, le thème de la solitude est omniprésent, source d’angoisse dans toute l’œuvre du poète. Si dans le dessin, les deux mains pouvaient suggérer l’isolement et la solitude, il s’agit de deux mains de femme mais dans le poème, l’adjectif « solitaire » qualifie le poète, confronté à la solitude, à l’absence de la femme aimée, celle dont il risque d’être séparé. Le poème est une sorte de dialogue à la fois avec la femme aimée, « toi », mais surtout avec lui-même, c'est un dialogue sur la relation amoureuse.

Dans La mort inutile page 65 le poète reproche à la femme aimée de l'avoir écarté des autres, de l'avoir écarté de sa création. Il utilise "mauvaise" pour la définir. La femme apparait dans ce poème comme une créature dangereuse et destructrice qui peut être fatale au poète et à son talent. La femme n'est plus supérieure, elle est réduite au rang de victime. 

2. La femme désirée mais dangereuse.

 Pour les surréalistes, la femme peut être vue comme une muse mais aussi comme une créature beaucoup plus dangereuse et fatale :

Par exemple dans La Marseillaise page 100, Eluard la décrit dans son poème comme une femme mauvaise qui cherche à séduire les hommes grâce à ses charmes, hommes qui sont considérés comme des proies. Cette femme fait bien évidemment référence aux sirènes de la mythologie qui cherchaient à attirer les matelots par leur beauté et leurs chants afin de les faire chavirer et de les noyer. La femme apparait alors comme un monstre usant de ses atouts et plus comme un mystérieux objet de désir. 

Egalement dans Brosse à cheveux page 108, Eluard semble mettre en garde les hommes ou le lecteur sur la femme. Quand il dit "méfiez-vous des teintures idéales" cela fait référence aux cheveux des femmes, cheveux non représentés sur le dessin d'ailleurs. C'est comme si Eluard avait explicitement dévoilé les intentions mauvaises des femmes et les risques qu'encouraient les hommes qui se laisseraient séduire. Quand il dit "Prenez exemple sur moi" c'est comme si il partageait ca propre expérience avec nous.  Tout est suggéré dans ce poème mais rien n'est vraiment exprimé.



Conclusion : Le désir est donc l'un des principaux thèmes de cet ouvrage. Dans chaque dessin il est suggéré et dans chaque poème il est présent. La femme, principale objet du désir et omniprésente tous le long du livre et nous apparaît quelques fois soumise, quelque fois en position d'offrande mais aussi dangereuse et redoutable. Ce livre montre bien la fascination qu'avait les surréalistes pour la femme et la valeur qu'ils lui apportaient. Les Mains Libres est donc une succession de poèmes et de dessins faisant d'abord l'éloge de la femme mais ensuite son procès en la réduisant à une créature qui peut être fatale à l'artiste.

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