vendredi 30 janvier 2015

La Liberté (Exposé)

Exposé : La Liberté par Judith et Laura (TL 1)

La Liberté dans le recueil Les Mains Libres.


Introduction : Les Mains libres se présente comme un ouvrage à quatre mains, incluant les dessins de Man Ray illustrés par les poèmes de Paul Eluard. Cette composition se révèle étonnante et aussi révolutionnaire dès la première lecture du titre. En effet, le titre « Les Mains libres » laisse justement le lecteur libre d’interprétation. « Les mains » donnent à penser à l’outil auquel l’écrivain à recours et le terme « libre » donne à voir une symbolique étonnante celle d’une liberté absolue autant dans le fond que dans la forme de l’œuvre. La question est alors de savoir en quoi l’œuvre fait-elle preuve de liberté ? Afin d'arriver à une réponse il est important de voir et de comprendre que le titre est tout d’abord un appel à la liberté et d’affranchissement dans le milieu de l’époque et ainsi les contraintes qu’à engendré cette liberté prisent par les deux artistes.


Les Mains libres, comme l’évoque assez bien le titre, est une œuvre sans contrainte, il n’y a aucune limite , aucun cadre et rien de réaliste. Cette liberté des mains, ce rejet des contraintes Man Ray les réclame dès le début de son activité d’artiste : le rejet de la représentation selon les règles classiques de la perspective. L’artiste l’avait déjà admiré chez le peintre Picasso. Dans ces dessins, la main n’obéit plus à des règles strictes et prédéfinies, elle ne suit plus des mouvements guidés par le souci d’une copie d’objets, de personne, ou de paysage. La main de Man Ray suit une liberté qui lui est propre : celle d’une création qui paraît assez spontanée comme celle du rêve, celle de l’inconscient..
Pour les deux artistes , Man Ray ou Paul Eluard l’adjectif « libres » qui qualifie « les mains » ainsi que le fond et la forme de leur travail rend compte de l’enjeu majeur du recueil qui est : l’affranchissement des règles, la liberté d’expression.
Envisager le livre comme lieu de liberté, c’est aussi le concevoir comme un véritable moyen de création. C’est du moins ainsi que semblent l’entendre Paul Eluard et Man Ray, dont l’esthétique respective trouve un écho dans le croisement de la photographie ou du dessin et du poème, et dans la relation entre ces deux milieux visuels et verbaux. Cette relation, qui est de l’ordre d’un regard qui circule entre l’artiste et le poète, donnant  à voir et à lire, et le lecteur spectateur, fait à son tour du livre un milieu apte à susciter la liberté interprétative.
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Le titre du recueil Les Mains libres, publié en 1937, laisse entendre ce parti pris de liberté, nécessaire à la création et au renouvellement esthétique, liberté affirmée dès le début du XXe siècle.



La main en tant que symbole d’action et de liberté est le signe d’une certaine lutte féminine et sa meilleure représentation serait le dessin correspondant au poème “La Liberté”. Dans ce dessin, la silhouette d’une femme nue de nouveau, brandissant un drapeau effectuant un léger saut. Cela pourrait parfaitement rappeler la fameuse représentation de "La Marianne". Car la femme dans l’univers des Surréalistes est bien souvent la source d’inspiration et est généralement idolâtrée. Le mouvement surréaliste est parfois même considéré comme une certaine libération pour la femme, elle est source d’inspiration.
       L’idée de la liberté à travers les mains est illustrée dans le dessin “Des mains dans les Nuages”. Quant à l’action, en l’occurrence l’action de créer apparaît dans “Brosse à Cheveux” qui semble être l’esquisse d’un peintre effectuant le portrait d’une femme grâce à un pinceau qu’il tient dans sa main.
       La main en tant que symbole d’action est illustré par Man Ray sans être forcément reliée à l’image de la femme. Comme dans “Solitaire”, bien que l’action semble faire partie du monde de l’ennui. La main est au premier plan dans le dessin de “La Lecture” et maintient un journal par exemple. De même, le dessin “Liberté” est construit de telle sorte qu’il laisse un espace symbolique entre la figure féminine et la marge droite. Certaines interprétations semblent évoquer qu’il s’agit de l’espace que nous donne notre liberté pour créer et pour agir. C’est ainsi que le poète associe la liberté au “vertige”, à la manière existentialiste d’une angoisse sans doute, qui nous confronte à un avenir protéiforme (multiformes) mais éventuellement optimiste. Le titre du recueil nous indique que la liberté présentée dans cette oeuvre est différente de celle qu’on a tendance à imaginer. Dans ce sens, le dessin “Les Mains Libres” reflète cette liberté créatrice, celle de l’artiste, qui ne se soumet plus aux contraintes de la conscience ni des règles formelles. Il crée de façon aléatoire, sans viser une finalité et, de cette façon, l’artiste atteint une forme supérieure de liberté, celle de l’imprévisible et du contingent.  La liberté est en effet une revendication chère aux Surréalistes, qu’il s’agisse d’une liberté créatrice ou d’une liberté de penser et de vivre. Les artistes qui se réclament de ce courant artistique sont dans le refus des valeurs traditionnelles et s’inscrivent dans une quête collective d’une « surréalité », d’une réalité « absolue » qui libérerait la pensée en rendant possible l’union entre deux états en apparence contradictoires que sont le rêve et la réalité.

Conclusion :
Nous voyons donc que dans le recueil des Mains Libres, les mains jouent un rôle essentiel de différentes manières. Au niveau du lien artistique, ensuite par l’image de la femme de façon érotique et sensuelle et finalement comme symbole d’action et de liberté




http://jtrumel-coursfrancais.ent-lfval.net/terminale-2014-les-mains-libres/6---correction-des-devoirs-maison/devoir-4

Rêve et imaginaire (Les Exposés)

Exposé : Rêve et Imaginaire par Anna et Capucine (TL2)

Introduction :

Les Mains libres est un recueil de Man Ray et Paul Eluard qui paraît en 1937. Il a la particularité d'être constitué de dessins illustrés de poèmes. Les mains libres  un recueil prototype du surréalisme, qui refuse les catégories esthétiques et semble prononcer une révolution littéraire sans se fixer de règles, et utiliser les schémas poétiques convenus. Pierre Janet (médecin, philosophe français qui a crée le terme « subconscient » a dit : « Le manifeste des surréalistes comprend une introduction philosophique intéressante. Les surréalistes soutiennent que la réalité est laide par définition ; la beauté n'existe que dans ce qui n'est pas réel. C'est l'homme qui a introduit la beauté dans le monde. Pour produire du beau, il faut s'écarter le plus possible de la réalité. Les ouvrages de surréalistes sont surtout des confessions d'obsédés et de douteurs. » Cette phrase a été citée par André Breton dans  Second manifeste du surréalisme en 1930. On comprend alors que les dessins et les poèmes font référence au rêve et à l’activité inconsciente car la recherche de la beauté s'écarte le plus possible de la réalité.

I/ Les mains libres, incitation à la rêverie

Les mains libres est une incitation à la rêverie, en effet l’association des dessins et poèmes font références aux rêves et à l'activité inconsciente mais montrent aussi la volonté d’échapper à la réalité, aux règles traditionnelles. Paul Eluard et Man Ray semblent eux même faire communiquer leurs deux arts par le rêve. Man Ray a dit « le matin quand je me réveille, si j’ai fait un rêve, je le dessine tout de suite. Beaucoup des dessins des Mains libres sont des dessins de rêve », les deux artistes veulent donc à travers ce recueil faire parler leurs fantasmes, traduire leurs rêves car, pour Eluad, le rêve lui permet d'aller « au delà de cette réalité insensible à laquelle, on voudrait que nous nous résignons [il] fait entrer de plein pied dans un monde où nous consentons à tout, où rien n'est incompréhensible ». Leurs expériences oniriques sont bien évidemment différentes, mais se rejoignent dans ce recueil.

La poésie d'Eluard ainsi que les dessins de Man Ray permettent la promotion de l'irrationnel, dans la mesure où ils expriment des éléments comme le sommeil, le rêve, l'inconscient, le merveilleux, l'insolite et le hasard qui amène le lecteur dans une situation d'attente et d'écoute. En effet, leur recueil échappe à la raison et aux règles conventionnelles d'un langage clair et logique, ils ont voulu retranscrire l'activité inconsciente qui se fait de plusieurs manières.
Pour Eluard, l'expression de l'activité inconsciente passe par l’écriture automatique qui entraîne la libre association de mots car c’est un moyen de libération et de révolution qui ne se préoccupe pas des conditions esthétique ou morale ou encore de la cohérence [lire le poème] → La lecture (p28). Dans ce poème nous ne voyons pas vraiment de cadre logique, son écriture paraît libre puisqu’il n’y a pas vraiment de cohérence entre les mots ou les vers, il fonctionne beaucoup par métaphores. Cela laisse au lecteur la liberté de trouver, comprendre, imaginer les liens entre ces mots, leurs donner du sens.

Pour Man Ray, cela passe tout d’abord par l’utilisation du noir et blanc, ce qui laisse plus de liberté à notre imagination. Nous pouvons également remarquer que les lignes ne se referment pas. Les lignes des corps des femmes ne sont souvent pas terminées, laissant ainsi au lecteur l’imagination de son prolongement. (Ex p34/66/69)
L'absence de détails est aussi un caractère de l’expression du rêve, les dessins de Man Ray sont très simplifiés il dit « il n’y a pas de détails dans les cheveux, alors pas de détails dans les yeux non plus, mais il y a juste assez pour que l’on comprenne ce que c’est et donner l’expression du visage ». L’absence de détail est donc fait pour ne pas que le lecteur se focalise dessus, et surtout pour lui laisser la possibilité de les imaginer, de les rêver. (Ex p18/38/84/130)
Une autre particularité, celle de l’absence de fond sur tous les dessins. Chaque personnage, chaque objet sont représentés sur une toile blanche, ce qui fait référence au monde du rêve, ils semblent flotter hors du temps, dans un monde parallèle. (Ex p13/26)
Il est impératif de rappeler que les dessins et les poèmes sont indépendants, ils fonctionnent librement puisque les poèmes d’Eluard ne sont pas là pour expliquer les dessins. Eluard à dit « Des images n'accompagnent un poème que pour en élargir le sens, en dénouer la forme […]. Pour collaborer, peintre et poète se veulent libres. La dépendance abaisse, empêche de comprendre, d'aimer. Il n'y a pas de modèle pour qui cherche ce qu'il n'a jamais vu. A la fin rien n'est plus beau qu'une ressemblance involontaire. ». Le but du poète est plutôt d’exprimer sa propre vision onirique à partir des dessins. Cette double création envoie alors les lecteurs dans une autre dimension, celle du rêve et l’imaginaire, car l’expérience onirique de ces deux artistes n’est pas forcement compris de la même manière par tout le monde. Notre rôle est donc de créer nos propres images à partir de celles proposées par les deux artistes. Chacun est libre d’interpréter, d’imaginer et de rêver les dessins de Man Ray et les poèmes d’Eluard.

II/ Analyse de poèmes

 Analyse de L’aventure (p31)
Dessin →   On voit une femme en longue robe, elle se cache les yeux comme pour se protéger de quelque chose, lumière aveuglante peut-être, sable, poussière ?
Les lignes sont ondulantes, indécises.
Le cadre fait penser à un paysage grec, on aperçoit le haut d’un temple qui n’est relié, fixé à rien, que rien ne semble retenir. La femme, en dessous semble d’ailleurs s’en éloigné comme pour s’en libérer, se libérer d’une tension qui la menace. Man Ray semble avoir voulu représenter le moment d’un départ hésitant. Un sentiment de menace, de tension se dégage de ce dessin.

Poème (A LIRE)  →  Le poème d’Eluard présente quelques différences par rapport au dessin de Man Ray, en effet, si la femme paraît hésitante, le poème, lui encourage la découverte de l’inconnu. Le mode de l’impératif « bats la campagne, répands tes mains, connais la terre de ton cœur » exprime la vivacité, l’énergie et surtout l’intensité d’un certain désir de découverte. Le poème exprime, à l’inverse de la tension et de la menace, la facilité à franchir l’inconnu, à accéder à la lumière, à un monde merveilleux.

Interprétation des deux -> sensation oppressante, il faut briser les obstacles de l’immobilisme,  il faut se créer un espace, qui sera une aventure de l’esprit.

Analyse de Rêve (p78)
Dessin -> En bas du dessin, on peut lire « rêve du 21 novembre  1956 », qui semble être la date de l’expérience onirique de Man Ray. On voit un train en flamme qui  tombe sur une ville, la violence et la dureté du dessin est exprimée grâce à la ligne plutôt horizontale du train qui casse les lignes verticales des grattes ciel.
Poème -> Eluard reprend l’ambiance pesante, il garde le cadre spatial de la ville « Tour Eiffel ». Il supprime le train qui est la figure centrale du dessin mais maintient l’idée de la destruction « penchée » « tordus » « crevés » « maison en ruine ». Le poème semble plus être un rêve éveillé que de l’inconscient. Il semble être dans l’impossibilité de communiquer ou d’échanger avec les autres.
Interprétation des deux -> Le dessin et le poème représentent l’ambiance angoissante du rêve.

Analyse de Narcisse (p35)
Dessin → La ligne ne se limite pas au cadre de la page = imagination
Masque qui suggère l'idée que dans nos rêve nous sommes quelqu'un d'autre ou montre que la femme représentée peut être imaginée et rêvée par chacun de différentes façons.
Le fait qu'elle soit nue peut également émettre l'idée que la personne est vraiment elle-même.

Poème → Définition de Narcisse en littérature : Homme amoureux de sa propre image / ou herbe vivace, bulbeuse aux feuilles allongées.
Eluard reprend l'idée du masque
Poix : mélange mou et collant à base de résine et de goudron végétaux
« N’être que sois » idée de n'être que sois même, sans jouer de rôle reprise du dessin de la femme nu
Guide « égaré » : perdu dans le rêve

Les tours du silence :
Dessin -> On voit les ombres sans corps.
On ne distingue pas vraiment de cadre temporel, ce qui fait penser au monde du rêve où on ne se retrouve pas dans le temps.

Poème -> « Ils voudraient avoir une ombre, ils voudraient avoir un corps » → figuration déroutante ? Reprend l'idée du dessin
« Ils sont aux mains de l'espace » : Le rêve est contrôlé par une force extérieure et supérieure.
« Et les pierres seront soleil » : vikings, aide à la navigation pour trouver le soleil (=inspiration à travers le rêve)
Eluard reprend bcp les éléments du dessin : les mots pierres/ombres/corps/ni jour ni nuit =  Le poème donne à relire le dessin

L'espion :
Dessin -> On aperçoit un « espion » derrière la fenêtre = comportement étrange comme dans les rêves
Assemblage d'objets improbables et insolites
Échelle des proportions irréalistes et démesurées = imaginaire
La main semble traverser l'objet = image floue = rêve

Poème -> Dans le poème, Eluard parle d'une femme qui dort « Arc parle tendu de tes yeux fermés » = paupières → rêve
« L'épaisseur de la vue » = rêve flou

Conclusion :

Les mains Libres est une œuvre qui met en avant l’existence de l’inconscient. Imaginer et rêver leur permet d'accéder à la beauté convulsive. Pour  percevoir cette beauté, nous serons donc attentifs aux images, aux sons, aux rythmes qui parcourent ses poèmes associés aux dessins de Man Ray, à leurs lignes, leurs traits. Même si il s'agit d'un immense rébus difficile à élucider nous avons les mains libres pour le faire. Beaucoup d'oeuvres traitent du sujet de l'imaginaire et du rêve qui est un des principaux thèmes du surréalisme. Nous pouvons trouver une part de rêve dans des œuvres tels que Le cauchemar de Füssli ou Le Cri de Munch ou encore La métamorphose de Narcisse de Dali.

samedi 17 janvier 2015

Les Exposés arrivent

En TL2, Exposé de Chloé, Athénaïs et Georgia


La liberté dans "Les mains libres"


(Georgia) Le surréalisme est un courant artistique et littéraire apparu pendant l'entre deux guerre. Il cherche à briser les règles habituelles de la création et à libérer les artistes des contraintes qui leur étaient imposés. D'un point de vue moral, artistique ou littéraire, la liberté, généralement défini comme l'absence de contraintes est un point central du mouvement surréaliste. De plus, Paul Eluard et Man Ray mettent en avant cette notion de liberté. On peut le constater dès la première de couverture avec le titre du recueil :  « Les Mains Libres ». Il montre la liberté de mouvement de d'expression à travers les mains, outil essentiel à la création.

PROBLEMATIQUE : Dans quelle mesure la liberté se manifeste-elle dans ce recueil ?


I. LA LIBERTE DANS LA FORME, LE RENOUVELLEMENT ESTHETIQUE :

Tout d'abord, on peut remarquer une rupture avec les règles classiques parce que, dans cette œuvre, ce sont les poèmes qui viennent illustrer les dessins de Man Ray ce qui implique une grande prise de liberté dans la mise en forme de ce recueil.
De plus, il est possible de voir que Paul Eluard ne rejette pas tous les conventions de l'écriture poétique bien qu'il pratique majoritairement l'écriture en vers libres. En effet, la forme du poème
« Fil et Aiguille » (p.11) est un quatrain d'hexasyllabes, néanmoins, on peut remarquer que les vers ne sont pas liés par des rimes. De plus, certains poèmes mêlent différents types de vers, pairs et impairs, courts et longs. Par exemple, « Belle Main » (p. 67) est composé de vers de 3,4,6,8,10 et 12 syllabes.
Le dernier poème,
« Les amis » (p.118) est un poème en prose qui garde les marques de versification traditionnelles qu'avec le retour à la ligne et la majuscule initiale.
De plus, les poèmes n'ont pas une structure fixe, certains sont des monostiches, comme
« L'attente » (p.90), d'autres des distiques « J » (p.39) ou encore « Feu d'artifice » (p.105).

Les dessins de Man Ray ne respectent pas réellement le cadre artistique traditionnel, en ce sens, il n'y a pas de limites.
En effet, les dimensions des femmes sont souvent disproportionnés par rapport au reste de l'image. Nous pouvons remarquer cela dans l'image du frontispice où la femme est très grande par rapport au pont d'Avignon sur lequel elle est couchée. Aussi, dans le dessin
« Pouvoir » (p. 64), la femme est représentée plus petite que la main de l'Homme. Cette opposition met en avant la liberté de Man Ray a dessiner sans limites. De plus, les dessins sont souvent qu'une association d’éléments n'ayant peu voire aucun rapport réel, effectivement ce sont les poèmes qui parfois parviennent à tisser un lien entre les différents objets. En effet, les poèmes ne sont pas forcément liés aux images, ce qui nous montre une certaine forme de liberté.

II. LA LIBERTE D'EXPRESSION, DE CREATION :

(liberté en générale) Dans ce recueil, la liberté d'expression est évoqué de manière relativement générale. Les artistes à l'origine de ce recueil ne se contraignent pas à donner un sens aux objets qui les entourent par exemple. On peut évoquer « Objets » (p.27) où tous les éléments qui constituent le dessin ont perdu leur utilité ainsi que leur sens pratique. Il n'y a donc plus de rationnalité ou de logique. Quand au texte, il indique que Paul Eluard entre « au bois diamant » ce qui pourrait être considéré comme une porte ouverte sur l'imagination. Cela peut être une référence au conte, et donc à l'imaginaire. Avec l'expression « tous les paysages », on peut constater que Paul Eluard se permet d'imaginer différents lieux. Le poète montre ainsi la liberté d'expression commune à lui et à Man Ray. Au cours de ce recueil, les mains de ces deux derniers se « délient » comme dans le vers du poème « Histoire de la science » (p. 81) « Que tes mains se délient ». Il s'agit d'une référence au titre du recueil, les mains deviennent libres, dénouées détachées et délivrées des contraintes des règles classiques qui emprisonnaient l'art jusque-là. On peut également parler du poème « La liberté » (p.68) : comme son titre l'indique, il évoque le fait d'être libre, et de n'avoir aucune contraintes. On peut voir sur le dessin une femme relativement aérienne. Sa nudité montre encore plus sa liberté. On peut alors proposer deux tentatives d'interprétation. Elle peut mener l'assaut contre la forteresse en bas à droite du dessin ou bien avancer tout simplement vers un avenir meilleur. Dans les deux cas, cette femme représente comme toutes les autres dans ce recueil, une allégorie de la liberté triomphante. Quand au texte, il sonne comme un véritable hymne à la liberté. On remarque une anaphore aux vers 1 et 2 du mot « Liberté ». Dans le premier vers, la femme est décrite telle une danseuse, comme si elle s'envolait. Au vers suivant, on devine une définition de la liberté : elle constitue un idéal simplement et sublimement merveilleux, tout comme la femme qui apparaît dans son plus simple appareil, c'est-à-dire la nudité. De plus, une allitération en « l » appuie sur le motif sonore musical. La femme est donc dans ce poème, un symbole clé de la liberté.

(la femme et le désir) Effectivement, la base de ce recueil repose sur la femme et son corps. Elle est en le thème central, et est donc totalement adulée des deux artistes surréalistes. On la retrouve dans de nombreux dessins, souvent dénudée, symbolisant la liberté à l'état pur. On peut citer les dessins illustrés par les poèmes « La peur » (p.103) et « Les yeux stériles » (p.56). La femme est ici abordée comme un objet de désir intense, dont se servent les artistes pour créer. Ils laissent donc leur désir personnel prendre part à leurs créations, sans se donner la moindre limite. Ils ne se soucient pas de savoir si les sujets abordés comme la sexualité ou le désir sont des sujets tabous ou non. On peut évoquer le poème « Les sens » (p.44) qui sous-entend de façon explicite l'excitation sexuelle, comme on peut le constater dans ces vers «  Ta bouche séduit ton visage ; Et ton corps peut venir ; Battant comme un cœur. » C'est un poème érotique et nous pouvons le constater dès les premiers vers, la nudité est évoquée avec « Dévêtue et le front pur ». Dans le quatrain, on peut comprendre la violence du désir, et dans le quintil, l'ouverture du visage vers le désir. En ce qui concerne le dessin, le visage de la femme est légèrement incliné en arrière et sa bouche est entrouverte, laissant place au désir. Man Ray néglige ici l'esthétique de l'objet que l'on distingue derrière ce visage, ainsi que la main : il met en avant la métamorphose de la figure de la femme au moment de l'abandon au désir. Il n'y a pas de tabous dans ce recueil, le sexe et la femme sont évoqués de façon plus ou moins explicites, selon les envies des auteurs. « Le Don » (p. 24) en est un bon exemple : les termes « noyau » et « figue » font référence au sexe féminin de manière implicite. Ainsi, la liberté en ce qui concerne la femme n'est pas forcément associé à la provocation, cela peut être beaucoup plus subtile. Cette liberté du corps et de toutes les sensations qui s'y rapportent est très importante pour les surréalistes que sont Paul Eluard et Man Ray car cela les pousse à explorer au plus profond de leur pensée grâce au désir.

(le rêve, l'inconscient, l'imaginaire : univers qui ne sont pas limités aux choses matérielles) En effet, leur création devient libre grâce à la libération de leur inconscient. Il faut se libérer pour mieux créer. Les deux artistes laissent libre cours à leurs rêves, comme par exemple avec le poème « Rêve » (p.78). On peut relever des expressions comme « La tour Eiffel est penchée » (v.3), « Les ponts sont tordus » (v.4) ou encore « ma maison est en ruine » (v.6). Les bâtiments sont donc modifiés, voir détruits. Le dernier vers est la clé de ce poème « Je me déshabille » montre un chemin vers la liberté par le fait de se dévêtir. Sur le dessin, on peut voir un train aux proportions démesurés partir en fumée au-dessus d'une ville. Man Ray a sûrement fait ce dessin suite à un rêve que Paul Eluard a interprété à sa manière. Il faut rappeler que les dessins sont été fait en premier et que le poète a réalisé les textes à partir des oeuvres de Man Ray. Pour revenir aux éléments irrationnels que comportent certains dessins, il y a également "Où se fabriquent les crayons" (p.116). On peut y voir une montagne en arrière plan, avec un serpent gigantesque par rapport au reste du dessin. Au premier plan, un petit village est dominé par un crayon géant, qui pourrait représenté un clocher. Ce lieu est insolite, délivré de toute raison, appartenant au domaine du rêve et de l'imaginaire. Libre à nous, lecteur, d'interpréter comme bon nous semble ce genre d'images.


(Athé) III) LA LIBERTE D'INTERPRETATION POUR LE LECTEUR ET LES ARTISTES :


Le lecteur tient une place importante dans Les Mains Libres puisqu'il est libre de former sa propre interprétation. En effet, du fait que les dessins soient sans couleurs, représentés sous la forme de croquis laisse au lecteur le libre choix d'imaginer son propre décors et notamment de prolonger les traits qui semblent parfois sans limites, voire même inachevés. On peut citer le dessin « Narcisse » (p. 34), qui montrent un corps de femme aux traits plus ou moins terminés. De plus, ce corps sans tête tient un masque dans sa main. Le lecteur peut choisir l'interprétation qu'il souhaite par rapport à cet élément du dessin. (lire le poème Narcisse p. 34)

La vision du recueil Les Mains Libres est donc relative à chacun. En ce sens, les portraits situés à la fin du recueil n'ont pas de texte ce qui laisse aux lecteurs une plus grande liberté d’interprétation. Ils ne sont pas accompagnés de poèmes, ce qui rend leur interprétation beaucoup plus libre, le lecteur peut s'imaginer un tas de choses sans être influencé par un texte.

De plus, Paul Eluard est libre d'illustrer les dessins de Man Ray comme il le souhaite. En ce sens, Eluard se sert de ses dessins comme déclencheurs de rêves, une sorte de prolongation ou d'appropriation personnelle. Tout comme Eluard, le lecteur s'inspire des poèmes et des dessins pour épanouir sa créativité et dégager sa propre interprétation et de créer des liens plus ou moins perceptibles entre dessin et poème.

(Athé) CONCLUSION : André Breton, le créateur du surréalisme a dit que le « langage a été donné à l'Homme pour qu'il en fasse un usage surréaliste ». Cela sous-entend une certaine forme de liberté à travers le terme « surréalisme », et c'est en effet ce qui se passe dans Les Mains Libres. Cette œuvre réalisée à quatre mains, cette collaboration créatrice nous donne une vision de la liberté à travers différentes formes de celle-ci [la liberté] pour au final coïncider en un point : la liberté permet la diversité de la création ainsi que de l'interprétation de l'art. Cette liberté entraine un renouvellement esthétique au sein de cette œuvre et du mouvement surréaliste.

mardi 13 janvier 2015

Bunuel et le surréalisme au Cinéma

"Un Chien andalou" (1928)  oeuvre projetée en avant première pour Man Ray et Aragon :
L'oeuvre du réalisateur espagnol Luis Bunuel s'ouvre sur une coupe : la découpe d'un oeil  dans "Un chien andalou" (1928) et se referme sur une couture dans "Cet obscur objet du désir" (1977). Le plus beau raccord dans l'oeuvre de l'histoire du Cinéma.


"L'Age d'or" (1930), coécrit par Salvador Dali, un film intentionnellement surréaliste :


Bunuel en mettant à mal la narration , la spatialisation et la linéarité narratives construit un cinéma proprement surréaliste de remise en cause perpétuelle de toute continuité du récit. Le rêve y côtoie la réalité, et le cinéaste fait la part belle au désir et aux fantasmes. Bunuel définit le cinéaste surréaliste comme celui qui « aura détruit la représentation conventionnelle de la nature […], ébranlé l'optimisme bourgeois et obligé le spectateur à douter de la pérennité de l'ordre existant » (Luis Buñuel).