vendredi 30 janvier 2015

Rêve et imaginaire (Les Exposés)

Exposé : Rêve et Imaginaire par Anna et Capucine (TL2)

Introduction :

Les Mains libres est un recueil de Man Ray et Paul Eluard qui paraît en 1937. Il a la particularité d'être constitué de dessins illustrés de poèmes. Les mains libres  un recueil prototype du surréalisme, qui refuse les catégories esthétiques et semble prononcer une révolution littéraire sans se fixer de règles, et utiliser les schémas poétiques convenus. Pierre Janet (médecin, philosophe français qui a crée le terme « subconscient » a dit : « Le manifeste des surréalistes comprend une introduction philosophique intéressante. Les surréalistes soutiennent que la réalité est laide par définition ; la beauté n'existe que dans ce qui n'est pas réel. C'est l'homme qui a introduit la beauté dans le monde. Pour produire du beau, il faut s'écarter le plus possible de la réalité. Les ouvrages de surréalistes sont surtout des confessions d'obsédés et de douteurs. » Cette phrase a été citée par André Breton dans  Second manifeste du surréalisme en 1930. On comprend alors que les dessins et les poèmes font référence au rêve et à l’activité inconsciente car la recherche de la beauté s'écarte le plus possible de la réalité.

I/ Les mains libres, incitation à la rêverie

Les mains libres est une incitation à la rêverie, en effet l’association des dessins et poèmes font références aux rêves et à l'activité inconsciente mais montrent aussi la volonté d’échapper à la réalité, aux règles traditionnelles. Paul Eluard et Man Ray semblent eux même faire communiquer leurs deux arts par le rêve. Man Ray a dit « le matin quand je me réveille, si j’ai fait un rêve, je le dessine tout de suite. Beaucoup des dessins des Mains libres sont des dessins de rêve », les deux artistes veulent donc à travers ce recueil faire parler leurs fantasmes, traduire leurs rêves car, pour Eluad, le rêve lui permet d'aller « au delà de cette réalité insensible à laquelle, on voudrait que nous nous résignons [il] fait entrer de plein pied dans un monde où nous consentons à tout, où rien n'est incompréhensible ». Leurs expériences oniriques sont bien évidemment différentes, mais se rejoignent dans ce recueil.

La poésie d'Eluard ainsi que les dessins de Man Ray permettent la promotion de l'irrationnel, dans la mesure où ils expriment des éléments comme le sommeil, le rêve, l'inconscient, le merveilleux, l'insolite et le hasard qui amène le lecteur dans une situation d'attente et d'écoute. En effet, leur recueil échappe à la raison et aux règles conventionnelles d'un langage clair et logique, ils ont voulu retranscrire l'activité inconsciente qui se fait de plusieurs manières.
Pour Eluard, l'expression de l'activité inconsciente passe par l’écriture automatique qui entraîne la libre association de mots car c’est un moyen de libération et de révolution qui ne se préoccupe pas des conditions esthétique ou morale ou encore de la cohérence [lire le poème] → La lecture (p28). Dans ce poème nous ne voyons pas vraiment de cadre logique, son écriture paraît libre puisqu’il n’y a pas vraiment de cohérence entre les mots ou les vers, il fonctionne beaucoup par métaphores. Cela laisse au lecteur la liberté de trouver, comprendre, imaginer les liens entre ces mots, leurs donner du sens.

Pour Man Ray, cela passe tout d’abord par l’utilisation du noir et blanc, ce qui laisse plus de liberté à notre imagination. Nous pouvons également remarquer que les lignes ne se referment pas. Les lignes des corps des femmes ne sont souvent pas terminées, laissant ainsi au lecteur l’imagination de son prolongement. (Ex p34/66/69)
L'absence de détails est aussi un caractère de l’expression du rêve, les dessins de Man Ray sont très simplifiés il dit « il n’y a pas de détails dans les cheveux, alors pas de détails dans les yeux non plus, mais il y a juste assez pour que l’on comprenne ce que c’est et donner l’expression du visage ». L’absence de détail est donc fait pour ne pas que le lecteur se focalise dessus, et surtout pour lui laisser la possibilité de les imaginer, de les rêver. (Ex p18/38/84/130)
Une autre particularité, celle de l’absence de fond sur tous les dessins. Chaque personnage, chaque objet sont représentés sur une toile blanche, ce qui fait référence au monde du rêve, ils semblent flotter hors du temps, dans un monde parallèle. (Ex p13/26)
Il est impératif de rappeler que les dessins et les poèmes sont indépendants, ils fonctionnent librement puisque les poèmes d’Eluard ne sont pas là pour expliquer les dessins. Eluard à dit « Des images n'accompagnent un poème que pour en élargir le sens, en dénouer la forme […]. Pour collaborer, peintre et poète se veulent libres. La dépendance abaisse, empêche de comprendre, d'aimer. Il n'y a pas de modèle pour qui cherche ce qu'il n'a jamais vu. A la fin rien n'est plus beau qu'une ressemblance involontaire. ». Le but du poète est plutôt d’exprimer sa propre vision onirique à partir des dessins. Cette double création envoie alors les lecteurs dans une autre dimension, celle du rêve et l’imaginaire, car l’expérience onirique de ces deux artistes n’est pas forcement compris de la même manière par tout le monde. Notre rôle est donc de créer nos propres images à partir de celles proposées par les deux artistes. Chacun est libre d’interpréter, d’imaginer et de rêver les dessins de Man Ray et les poèmes d’Eluard.

II/ Analyse de poèmes

 Analyse de L’aventure (p31)
Dessin →   On voit une femme en longue robe, elle se cache les yeux comme pour se protéger de quelque chose, lumière aveuglante peut-être, sable, poussière ?
Les lignes sont ondulantes, indécises.
Le cadre fait penser à un paysage grec, on aperçoit le haut d’un temple qui n’est relié, fixé à rien, que rien ne semble retenir. La femme, en dessous semble d’ailleurs s’en éloigné comme pour s’en libérer, se libérer d’une tension qui la menace. Man Ray semble avoir voulu représenter le moment d’un départ hésitant. Un sentiment de menace, de tension se dégage de ce dessin.

Poème (A LIRE)  →  Le poème d’Eluard présente quelques différences par rapport au dessin de Man Ray, en effet, si la femme paraît hésitante, le poème, lui encourage la découverte de l’inconnu. Le mode de l’impératif « bats la campagne, répands tes mains, connais la terre de ton cœur » exprime la vivacité, l’énergie et surtout l’intensité d’un certain désir de découverte. Le poème exprime, à l’inverse de la tension et de la menace, la facilité à franchir l’inconnu, à accéder à la lumière, à un monde merveilleux.

Interprétation des deux -> sensation oppressante, il faut briser les obstacles de l’immobilisme,  il faut se créer un espace, qui sera une aventure de l’esprit.

Analyse de Rêve (p78)
Dessin -> En bas du dessin, on peut lire « rêve du 21 novembre  1956 », qui semble être la date de l’expérience onirique de Man Ray. On voit un train en flamme qui  tombe sur une ville, la violence et la dureté du dessin est exprimée grâce à la ligne plutôt horizontale du train qui casse les lignes verticales des grattes ciel.
Poème -> Eluard reprend l’ambiance pesante, il garde le cadre spatial de la ville « Tour Eiffel ». Il supprime le train qui est la figure centrale du dessin mais maintient l’idée de la destruction « penchée » « tordus » « crevés » « maison en ruine ». Le poème semble plus être un rêve éveillé que de l’inconscient. Il semble être dans l’impossibilité de communiquer ou d’échanger avec les autres.
Interprétation des deux -> Le dessin et le poème représentent l’ambiance angoissante du rêve.

Analyse de Narcisse (p35)
Dessin → La ligne ne se limite pas au cadre de la page = imagination
Masque qui suggère l'idée que dans nos rêve nous sommes quelqu'un d'autre ou montre que la femme représentée peut être imaginée et rêvée par chacun de différentes façons.
Le fait qu'elle soit nue peut également émettre l'idée que la personne est vraiment elle-même.

Poème → Définition de Narcisse en littérature : Homme amoureux de sa propre image / ou herbe vivace, bulbeuse aux feuilles allongées.
Eluard reprend l'idée du masque
Poix : mélange mou et collant à base de résine et de goudron végétaux
« N’être que sois » idée de n'être que sois même, sans jouer de rôle reprise du dessin de la femme nu
Guide « égaré » : perdu dans le rêve

Les tours du silence :
Dessin -> On voit les ombres sans corps.
On ne distingue pas vraiment de cadre temporel, ce qui fait penser au monde du rêve où on ne se retrouve pas dans le temps.

Poème -> « Ils voudraient avoir une ombre, ils voudraient avoir un corps » → figuration déroutante ? Reprend l'idée du dessin
« Ils sont aux mains de l'espace » : Le rêve est contrôlé par une force extérieure et supérieure.
« Et les pierres seront soleil » : vikings, aide à la navigation pour trouver le soleil (=inspiration à travers le rêve)
Eluard reprend bcp les éléments du dessin : les mots pierres/ombres/corps/ni jour ni nuit =  Le poème donne à relire le dessin

L'espion :
Dessin -> On aperçoit un « espion » derrière la fenêtre = comportement étrange comme dans les rêves
Assemblage d'objets improbables et insolites
Échelle des proportions irréalistes et démesurées = imaginaire
La main semble traverser l'objet = image floue = rêve

Poème -> Dans le poème, Eluard parle d'une femme qui dort « Arc parle tendu de tes yeux fermés » = paupières → rêve
« L'épaisseur de la vue » = rêve flou

Conclusion :

Les mains Libres est une œuvre qui met en avant l’existence de l’inconscient. Imaginer et rêver leur permet d'accéder à la beauté convulsive. Pour  percevoir cette beauté, nous serons donc attentifs aux images, aux sons, aux rythmes qui parcourent ses poèmes associés aux dessins de Man Ray, à leurs lignes, leurs traits. Même si il s'agit d'un immense rébus difficile à élucider nous avons les mains libres pour le faire. Beaucoup d'oeuvres traitent du sujet de l'imaginaire et du rêve qui est un des principaux thèmes du surréalisme. Nous pouvons trouver une part de rêve dans des œuvres tels que Le cauchemar de Füssli ou Le Cri de Munch ou encore La métamorphose de Narcisse de Dali.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire