Les Mains Libres , Man Ray & Paul Eluard
Les Lieux
INTRO :
Les
Mains libres,
recueil de Man Ray et Paul Eluard paraît en 1937. Il est constitué
de dessins illustrés de poèmes. Ce recueil est une parfaite
illustration de la démarche et
des recherches
des Surréalistes qui
refusent les catégories esthétiques et qui envisagent l’art comme
un instrument de libération et de révolution.
Dessins et poèmes font référence au rêve et à l’activité inconsciente. Quelques mots parfois suffisent au poète pour illustrer l’image.
Dessins et poèmes font référence au rêve et à l’activité inconsciente. Quelques mots parfois suffisent au poète pour illustrer l’image.
La
nature
La glace cassée (I) ; Les mains libres (I) ; Main et fruits (I) ; Le temps qu’il faisait le 14 mars (I) ; Plante-aux-oiseaux (I) ; La plage (I) ; Paranoïa (I) ; Des nuages dans les mains (I) ; Feu d’artifice (I) ; Où se fabriquent les crayons (I).
La glace cassée (I) ; Les mains libres (I) ; Main et fruits (I) ; Le temps qu’il faisait le 14 mars (I) ; Plante-aux-oiseaux (I) ; La plage (I) ; Paranoïa (I) ; Des nuages dans les mains (I) ; Feu d’artifice (I) ; Où se fabriquent les crayons (I).
c. Les
paysages
Paysages
seuls ou arrières plans sont présents dans 20 dessins. Les châteaux
forts, crénelés, les ponts, les plages, les ports sont les plus
fréquents. Quelques dessins de centre-ville complètent cet
inventaire. Les plantes sont aussi un motif présent, parfois en pot,
parfois démesurées, parfois plus réalistes. Les animaux sont
rares, on trouve quelques représentations d’oiseaux, quelques
poissons, un serpent géant.
I/ : A – Un
espace-temps déréalisé et onirique.
Beaucoup de dessins du recueil sont
consacrés à des lieux, des paysages et beaucoup de poèmes font
référence aussi à des lieux mais pas forcément visibles ou clairs
mais tous traduisent cette volonté paradoxale d’exprimer le monde
tel qu’il est tout en faisant appel à l’imaginaire => ce sont
des « lieux » au sens de Bonnefoy qqs années plus tard, autrement
dit un espace rêvé qui à partir de l’espace perçu exprime à la
fois l’insatisfaction, l’espoir, la crédulité, le départ, la
fièvre… => une sorte de représentation symbolique de l’infini
et de l’éternel inclus dans l’ici et le maintenant. - Des lieux
irréels et fantasmés : * Des « images-tableaux » (Maryvonne
Meuraud) : beaucoup de dessins de MR ont une ambition réaliste ms il
rajoute très souvent des éléments surprenants et insolites voire
fantastiques et ce sont ces éléments qui retiennent l’attention
d’E et conditionnent son illustration = une illustration qui
répugne donc la logique linéaire du discours et qui passe davantage
par des images essentiellement visuelles, des « images-tableaux »
=> poèmes qui deviennent alors une suite de notations brèves et
d’images fondées à la fois sur la richesse sonores des mots
(signifiants) et sur la diversité sémantique (signifiés) : ils
mettent en valeur ce que connotent les dessins de MR plus que ce
qu’ils dénotent. EX : « Le Château d’If » (94) : il traduit
déjà le caractère massif du bâtiment « grande maison » avec un
aspect d’ailleurs théâtral car « décorés » et « toiles »
renvoie à cette scène de théâtre mais le mot « araignée’
apporte la connotation de négligence, d’abandon voire de vide +
vide marqué par les allitérations en [k] ou assonance en [o] =>
signifiant et signifié se rejoignent ici et le mot se réfléchit
dans les sonorités qui le redoublent en un effet spéculaire
sous-entendu d’ailleurs ds le dessin avec ce personnage vaniteux et
narcissique. poème s’accorde au dessin d’un lieu à partir
des images mentales que celui-ci peut engendrer.
Le lieu comme image mentale :
des lieux assez surnaturels peuplés
souvent de fantômes, d’ombres, de silhouettes féminines, des
animaux étranges ds les dessins comme le serpent, des oiseaux =>
aspect premier est celui du rêve et de l’imagination et c’est
cet aspect onirique du lieu que privilégient E = c’est d’ailleurs
un lieu poétique en soi ds la mesure où c’est un appel vers un
au-delà inconnu, comparable au rêve. EX : « Le Tournant » (59) :
poème qui ne décrit rien du dessin, pourtant le verbe « espérer »
évoque la promesse d’un ailleurs où se dissimule un être
fabuleux dont la main gigantesque enserre une falaise anthropomorphe,
idem : la main est peut-être une projection de ses propres désirs
érotiques inavoués, l’image mentale de « ce qui est interdit »
=> par le lieu extérieur, le poète traduite une disposition
psychologique, un aspect de son intériorité et donc le poème
prolonge alors le dessin en lui donnant une profondeur.
Le lieu comme symbole :
image du « paradis livide » conférée
par E à propos du ciel donne dimension symbolique aussi bien ds les
dessins de MR que dans les poèmes d’E = image de l’Eden et de la
Chute qui est suggérée par le dessin de la page 42 qui met en scène
un couple nu sous une rose dont l’épine rappelle le caractère
menaçant. Idem pour le poème qui, sans fr appel au paradis perdu,
évoque un univers riche et fécond où tout prolifère + idée de
genèse très fréquente ds le recueil : souvent vue comme un moment
de fusion entre les quatre éléments comme dans « La Plage » (82)
et « Histoire de la science » (81) --> ensemble des lieux chez
Eluard et aussi chez MR évoque l’histoire de l’homme en général
et les grandes étapes de notre civilisation avec la Grèce ancienne
ds « L’Aventure », le M-Â avec les dessins de château, l’époque
moderne avec « La Liberté » et sans compter « La Marseillaise »
(98), titre donné par E comme une référence à l’hymne
révolutionnaire presqu’un engagement des artistes qui souligne
la nécessité d’agir et de se guérir de la plaie mortelle de la
solitude et des poèmes d’ouverture au monde et à l’autre…
Ex : le poème le
tournant
a. Description
C’est
un paysage réalisé au
crayon.
Au premier plan se déroule une route de montagne, dessinant un grand tournant orienté vers la droite, et soutenue par un haut mur maçonné, pourvu de grandes arches.
Sur la droite du dessin, l’artiste a représenté le pan de la montagne surplombant la route, avec, à son sommet, quelques arbres faméliques.
Presque à la jonction de la montagne et de la route, une énorme main enserre la roche. On ne distingue que les phalanges, la paume et le bras qui sont cachés derrière le virage.
Au second plan, figurée en contre-bas de la route, une maison, dotée d’une tour, est lovée dans ce qui semble être une forêt.
L’arrière-plan représente une baie au bord de la mer et un ciel nuageux.
Au premier plan se déroule une route de montagne, dessinant un grand tournant orienté vers la droite, et soutenue par un haut mur maçonné, pourvu de grandes arches.
Sur la droite du dessin, l’artiste a représenté le pan de la montagne surplombant la route, avec, à son sommet, quelques arbres faméliques.
Presque à la jonction de la montagne et de la route, une énorme main enserre la roche. On ne distingue que les phalanges, la paume et le bras qui sont cachés derrière le virage.
Au second plan, figurée en contre-bas de la route, une maison, dotée d’une tour, est lovée dans ce qui semble être une forêt.
L’arrière-plan représente une baie au bord de la mer et un ciel nuageux.
Ce
dessin est vraisemblablement la représentation de la baie de
Nice, vue de la grande corniche en venant de St Jean Cap-Ferrat.
Le
poème peut résonner dans le dessin,
en désignant la
route,
qui tourne et va à la rencontre du corps de cette main, comme
une métaphore
du rêve,
de l’hypnose,
de la psychanalyse,
qui permet de découvrir ce
qui était jusqu’alors interdit.
Château :
Annie
Le Brun a mis en évidence (Les Châteaux de la subversion,
« Folio essai ») l’importance du château ans la
littérature noire depuis la fin du XVIIIe siècle, lieu de
l’enferme-ment, du fantasme à l’intérieur de soi.
Les
surréalistes, grands amateurs de Sade, ne peuvent que souscrire. Ici
quatre châteaux (« Les tours du silence », « Le
château d’If », « Château abandonné », dont un
très explicitement érotique, « Les tours d’Éliane »,
qui ne joue cependant pas sur l’enfermement de la femme mais fait
de son corps une forteresse difficile à conquérir : « Un
espoir insensé / fenêtre au fond d’une mine ».
Notons que Breton, cité par Eluard dans Poésie
intentionnelle,
avance cette formule : « UN
CHÂTEAU A LA PLACE DE LA TÊTE ». La
forteresse métaphorise en effet l’espace dans lequel sont
enfermées les images et les possibilités sadiennes du désir.
Conclusion
Comme
on a pu le voir précédemment les lieux on une importance aussi
grande ou égale a plusieurs éléments dans cet œuvre tel que la
couture , la femme ou encore les rêves . Chaque lieu a une
signification particulière , ils n'ont pas était choisis au hasard.
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