Le désir et ses pièges
1. Le désir évoqué par la femme.
1. Dans les dessins, femme omniprésente.
2.Dans les poèmes, cachée mais bien là.
2. Ses risques et ses pièges.
1. Les risques pour le poète.
2. La femme désirée mais dangereuse.
Problématique : Dans quelle mesure le désir et ses pièges rythmes t'ils l'intégralité des Mains Libres ?
Intro
: Dans ce recueil les dessins paraissent simples, enfantins, parfois.
Comme sont simples les mots de Paul Eluard qui a illustré avec des
poèmes les dessins de Man Ray avec des verres qui expriment clairement
la recherche de la femme, de la fusion dans l'amour et du désir. Le
désir engage nécessairement deux êtres. Il est une projection de soi sur
l’autre et la nécessité de combler un manque pour parvenir à une forme
de bonheur, qui passe par la présence de l’autre. Le désir vient de la
volonté de retrouver une unité perdue. Dans ce recueil c'est d'un double
désir qu'il est question, celui du dessinateur et celui du poète. Aucun
voile de pudeur ne recouvre le dessin, ni n’atténue les mots, le désir
érotique est clairement exprimé. Le corps devient « un objet » à
étreindre, à posséder. Ceci est renforcé par la présence du dessin qui
souvent se montre encore plus explicite. Dans Les Mains libres, la
plupart des dessins de Man Ray représentent des femmes nues et des
visages marqués par le désir ou dévoilant un sein (Cela représente 24
dessins sur 36).
Dans le premier texte page 9 que Paul Eluard
écrit à propos de Man Ray, il fait apparaitre les dessins de celui-ci
comme des évocateurs du désir. Comme si le seul but de Man Ray était de
faire ressortir la beauté qu'il y a en toutes choses. (lire le texte)
1. Le désir évoqué par la femme.
1.Dans les dessins, femme omniprésente.
La
femme est représentée à 34 reprises dans les dessins de Man Ray, le
plus souvent nue, dans des positions d'offrande les yeux fermés.
Comme
par exemple dans Le Don page 26, où le corps de cette femme prend
l'ensemble de l'espace. Cheveux en arrière buste en avant, les yeux
clos, elle s'offre entièrement à nous, ses cheveux longs qui tombent
dans son dos évoquent la liberté d'une cascade. Ce dessin est chargé
d'érotisme, d'abord puisque cette femme est nue et ensuite puisque
qu'elle est dans une position de vulnérabilité complète.
Egalement
dans Pouvoir page 67, où cette immense main d'homme qui empoigne le
corps de cette femme nue évoque le désir brut. Puisque que c'est comme
si cette main désirait énormément ce corps et maintenant qu'il le tenait
n'était pas près de le laisser s'enfuir. On peut deviner que cette main
est crispée grâce aux veines qui ressortent du poignet et que cette
femme dont on ne distingue que le bas du visage est dans l'impuissance
de faire quoi que ce soit pour se sortir de son étreinte. Elle lève
d'ailleurs les bras en signe de soumission.
Enfin
dans Le Désir page 20, cette femme n'est cette fois pas nue mais pour
le peu qu'on distingue de son habit elle semble assez richement vêtue.
Ses traits sont fins et sérieux et elle semble regarder quelque chose au
loin. Le désir est évoqué dans ce dessin encore une fois par la
présence de la main d'un homme qui attrape les cheveux de la femme. Il y
a une opposition entre la délicatesse de la femme insensible et la
violence de la main crispée, brutale et impatiente de l'homme qui ne
paraît pas capable de contrôler son désir pour cette femme.
2. Dans les poèmes, cachées mais bien là.
Dans
le poème L'Attente page 92, les araignées sont absentes du poème
d’Éluard mais suggérées par le dessin. Comme l’araignée tisse patiemment
sa toile, le poète intitule le couple du dessin et du poème L’attente,
suggérant la patience bien sûr, mais aussi la nostalgie et la
mélancolie. Aux dix fils tendus par les mains à partir desquels se tisse
la toile, il n'y a qu'un seul vers, un alexandrin, qui à lui seul
exprime le sentiment produit par le dessin. Ces mains qui dans Pouvoir
étaient prédatrices et tenaient un corps de femme, ne tiennent dans
L’attente qu’une toile d’araignée : le désir n’a pas pu être satisfait,
l’araignée qui guettait sa proie n’a rien attrapé.
Dans
l'Evidence page 17, le début de la première strophe semble parler de la
nature jusqu'à ce que le poète s'adresse directement à quelqu'un avec
"joignent tes yeux" et ensuite avec " toi tu gardes ton équilibre".
Après avoir relu ce poème il m'apparait comme un éloge à une femme
mystérieuse et forte. Objet encore une fois du désir du poète.
Aussi
dans le Don page 26, Eluard utilise le pronom "elle" donc on se doute
qu'il parle d'une femme mais à y regarder de plus près il y a un
érotisme caché dans ce poème. Puisque le sexe de la femme est évoqué
avec "figue" et "fille noir". La femme apparait comme un objet de désir
suprême que le poète compare au soleil avec "elle est le plein soleil
sous mes paupières closes".
2. Ses risques et ses pièges.
1.Les risques pour le poète.
Le poète prend de grands risques pour lui-même en se laissant aller à ce désir pour la femme comme nous le montre ces poèmes :
Dans
Solitaire page 49, deux mains entrelacent un fil, le thème de la
solitude est omniprésent, source d’angoisse dans toute l’œuvre du poète.
Si dans le dessin, les deux mains pouvaient suggérer l’isolement et la
solitude, il s’agit de deux mains de femme mais dans le poème,
l’adjectif « solitaire » qualifie le poète, confronté à la solitude, à
l’absence de la femme aimée, celle dont il risque d’être séparé. Le
poème est une sorte de dialogue à la fois avec la femme aimée, « toi »,
mais surtout avec lui-même, c'est un dialogue sur la relation amoureuse.
Dans
La mort inutile page 65 le poète reproche à la femme aimée de l'avoir
écarté des autres, de l'avoir écarté de sa création. Il utilise
"mauvaise" pour la définir. La femme apparait dans ce poème comme une
créature dangereuse et destructrice qui peut être fatale au poète et à
son talent. La femme n'est plus supérieure, elle est réduite au rang de
victime.
2. La femme désirée mais dangereuse.
Pour les surréalistes, la femme peut être vue comme une muse mais aussi comme une créature beaucoup plus dangereuse et fatale :
Par
exemple dans La Marseillaise page 100, Eluard la décrit dans son poème
comme une femme mauvaise qui cherche à séduire les hommes grâce à ses
charmes, hommes qui sont considérés comme des proies. Cette femme fait
bien évidemment référence aux sirènes de la mythologie qui cherchaient à
attirer les matelots par leur beauté et leurs chants afin de les faire
chavirer et de les noyer. La femme apparait alors comme un monstre usant
de ses atouts et plus comme un mystérieux objet de désir.
Egalement
dans Brosse à cheveux page 108, Eluard semble mettre en garde les
hommes ou le lecteur sur la femme. Quand il dit "méfiez-vous des
teintures idéales" cela fait référence aux cheveux des femmes, cheveux
non représentés sur le dessin d'ailleurs. C'est comme si Eluard avait
explicitement dévoilé les intentions mauvaises des femmes et les risques
qu'encouraient les hommes qui se laisseraient séduire. Quand il dit
"Prenez exemple sur moi" c'est comme si il partageait ca propre
expérience avec nous. Tout est suggéré dans ce poème mais rien n'est
vraiment exprimé.
Conclusion
: Le désir est donc l'un des principaux thèmes de cet ouvrage. Dans
chaque dessin il est suggéré et dans chaque poème il est présent. La
femme, principale objet du désir et omniprésente tous le long du livre
et nous apparaît quelques fois soumise, quelque fois en position
d'offrande mais aussi dangereuse et redoutable. Ce livre montre bien la
fascination qu'avait les surréalistes pour la femme et la valeur qu'ils
lui apportaient. Les Mains Libres est donc une succession de poèmes et
de dessins faisant d'abord l'éloge de la femme mais ensuite son procès
en la réduisant à une créature qui peut être fatale à l'artiste.
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