samedi 17 janvier 2015

Les Exposés arrivent

En TL2, Exposé de Chloé, Athénaïs et Georgia


La liberté dans "Les mains libres"


(Georgia) Le surréalisme est un courant artistique et littéraire apparu pendant l'entre deux guerre. Il cherche à briser les règles habituelles de la création et à libérer les artistes des contraintes qui leur étaient imposés. D'un point de vue moral, artistique ou littéraire, la liberté, généralement défini comme l'absence de contraintes est un point central du mouvement surréaliste. De plus, Paul Eluard et Man Ray mettent en avant cette notion de liberté. On peut le constater dès la première de couverture avec le titre du recueil :  « Les Mains Libres ». Il montre la liberté de mouvement de d'expression à travers les mains, outil essentiel à la création.

PROBLEMATIQUE : Dans quelle mesure la liberté se manifeste-elle dans ce recueil ?


I. LA LIBERTE DANS LA FORME, LE RENOUVELLEMENT ESTHETIQUE :

Tout d'abord, on peut remarquer une rupture avec les règles classiques parce que, dans cette œuvre, ce sont les poèmes qui viennent illustrer les dessins de Man Ray ce qui implique une grande prise de liberté dans la mise en forme de ce recueil.
De plus, il est possible de voir que Paul Eluard ne rejette pas tous les conventions de l'écriture poétique bien qu'il pratique majoritairement l'écriture en vers libres. En effet, la forme du poème
« Fil et Aiguille » (p.11) est un quatrain d'hexasyllabes, néanmoins, on peut remarquer que les vers ne sont pas liés par des rimes. De plus, certains poèmes mêlent différents types de vers, pairs et impairs, courts et longs. Par exemple, « Belle Main » (p. 67) est composé de vers de 3,4,6,8,10 et 12 syllabes.
Le dernier poème,
« Les amis » (p.118) est un poème en prose qui garde les marques de versification traditionnelles qu'avec le retour à la ligne et la majuscule initiale.
De plus, les poèmes n'ont pas une structure fixe, certains sont des monostiches, comme
« L'attente » (p.90), d'autres des distiques « J » (p.39) ou encore « Feu d'artifice » (p.105).

Les dessins de Man Ray ne respectent pas réellement le cadre artistique traditionnel, en ce sens, il n'y a pas de limites.
En effet, les dimensions des femmes sont souvent disproportionnés par rapport au reste de l'image. Nous pouvons remarquer cela dans l'image du frontispice où la femme est très grande par rapport au pont d'Avignon sur lequel elle est couchée. Aussi, dans le dessin
« Pouvoir » (p. 64), la femme est représentée plus petite que la main de l'Homme. Cette opposition met en avant la liberté de Man Ray a dessiner sans limites. De plus, les dessins sont souvent qu'une association d’éléments n'ayant peu voire aucun rapport réel, effectivement ce sont les poèmes qui parfois parviennent à tisser un lien entre les différents objets. En effet, les poèmes ne sont pas forcément liés aux images, ce qui nous montre une certaine forme de liberté.

II. LA LIBERTE D'EXPRESSION, DE CREATION :

(liberté en générale) Dans ce recueil, la liberté d'expression est évoqué de manière relativement générale. Les artistes à l'origine de ce recueil ne se contraignent pas à donner un sens aux objets qui les entourent par exemple. On peut évoquer « Objets » (p.27) où tous les éléments qui constituent le dessin ont perdu leur utilité ainsi que leur sens pratique. Il n'y a donc plus de rationnalité ou de logique. Quand au texte, il indique que Paul Eluard entre « au bois diamant » ce qui pourrait être considéré comme une porte ouverte sur l'imagination. Cela peut être une référence au conte, et donc à l'imaginaire. Avec l'expression « tous les paysages », on peut constater que Paul Eluard se permet d'imaginer différents lieux. Le poète montre ainsi la liberté d'expression commune à lui et à Man Ray. Au cours de ce recueil, les mains de ces deux derniers se « délient » comme dans le vers du poème « Histoire de la science » (p. 81) « Que tes mains se délient ». Il s'agit d'une référence au titre du recueil, les mains deviennent libres, dénouées détachées et délivrées des contraintes des règles classiques qui emprisonnaient l'art jusque-là. On peut également parler du poème « La liberté » (p.68) : comme son titre l'indique, il évoque le fait d'être libre, et de n'avoir aucune contraintes. On peut voir sur le dessin une femme relativement aérienne. Sa nudité montre encore plus sa liberté. On peut alors proposer deux tentatives d'interprétation. Elle peut mener l'assaut contre la forteresse en bas à droite du dessin ou bien avancer tout simplement vers un avenir meilleur. Dans les deux cas, cette femme représente comme toutes les autres dans ce recueil, une allégorie de la liberté triomphante. Quand au texte, il sonne comme un véritable hymne à la liberté. On remarque une anaphore aux vers 1 et 2 du mot « Liberté ». Dans le premier vers, la femme est décrite telle une danseuse, comme si elle s'envolait. Au vers suivant, on devine une définition de la liberté : elle constitue un idéal simplement et sublimement merveilleux, tout comme la femme qui apparaît dans son plus simple appareil, c'est-à-dire la nudité. De plus, une allitération en « l » appuie sur le motif sonore musical. La femme est donc dans ce poème, un symbole clé de la liberté.

(la femme et le désir) Effectivement, la base de ce recueil repose sur la femme et son corps. Elle est en le thème central, et est donc totalement adulée des deux artistes surréalistes. On la retrouve dans de nombreux dessins, souvent dénudée, symbolisant la liberté à l'état pur. On peut citer les dessins illustrés par les poèmes « La peur » (p.103) et « Les yeux stériles » (p.56). La femme est ici abordée comme un objet de désir intense, dont se servent les artistes pour créer. Ils laissent donc leur désir personnel prendre part à leurs créations, sans se donner la moindre limite. Ils ne se soucient pas de savoir si les sujets abordés comme la sexualité ou le désir sont des sujets tabous ou non. On peut évoquer le poème « Les sens » (p.44) qui sous-entend de façon explicite l'excitation sexuelle, comme on peut le constater dans ces vers «  Ta bouche séduit ton visage ; Et ton corps peut venir ; Battant comme un cœur. » C'est un poème érotique et nous pouvons le constater dès les premiers vers, la nudité est évoquée avec « Dévêtue et le front pur ». Dans le quatrain, on peut comprendre la violence du désir, et dans le quintil, l'ouverture du visage vers le désir. En ce qui concerne le dessin, le visage de la femme est légèrement incliné en arrière et sa bouche est entrouverte, laissant place au désir. Man Ray néglige ici l'esthétique de l'objet que l'on distingue derrière ce visage, ainsi que la main : il met en avant la métamorphose de la figure de la femme au moment de l'abandon au désir. Il n'y a pas de tabous dans ce recueil, le sexe et la femme sont évoqués de façon plus ou moins explicites, selon les envies des auteurs. « Le Don » (p. 24) en est un bon exemple : les termes « noyau » et « figue » font référence au sexe féminin de manière implicite. Ainsi, la liberté en ce qui concerne la femme n'est pas forcément associé à la provocation, cela peut être beaucoup plus subtile. Cette liberté du corps et de toutes les sensations qui s'y rapportent est très importante pour les surréalistes que sont Paul Eluard et Man Ray car cela les pousse à explorer au plus profond de leur pensée grâce au désir.

(le rêve, l'inconscient, l'imaginaire : univers qui ne sont pas limités aux choses matérielles) En effet, leur création devient libre grâce à la libération de leur inconscient. Il faut se libérer pour mieux créer. Les deux artistes laissent libre cours à leurs rêves, comme par exemple avec le poème « Rêve » (p.78). On peut relever des expressions comme « La tour Eiffel est penchée » (v.3), « Les ponts sont tordus » (v.4) ou encore « ma maison est en ruine » (v.6). Les bâtiments sont donc modifiés, voir détruits. Le dernier vers est la clé de ce poème « Je me déshabille » montre un chemin vers la liberté par le fait de se dévêtir. Sur le dessin, on peut voir un train aux proportions démesurés partir en fumée au-dessus d'une ville. Man Ray a sûrement fait ce dessin suite à un rêve que Paul Eluard a interprété à sa manière. Il faut rappeler que les dessins sont été fait en premier et que le poète a réalisé les textes à partir des oeuvres de Man Ray. Pour revenir aux éléments irrationnels que comportent certains dessins, il y a également "Où se fabriquent les crayons" (p.116). On peut y voir une montagne en arrière plan, avec un serpent gigantesque par rapport au reste du dessin. Au premier plan, un petit village est dominé par un crayon géant, qui pourrait représenté un clocher. Ce lieu est insolite, délivré de toute raison, appartenant au domaine du rêve et de l'imaginaire. Libre à nous, lecteur, d'interpréter comme bon nous semble ce genre d'images.


(Athé) III) LA LIBERTE D'INTERPRETATION POUR LE LECTEUR ET LES ARTISTES :


Le lecteur tient une place importante dans Les Mains Libres puisqu'il est libre de former sa propre interprétation. En effet, du fait que les dessins soient sans couleurs, représentés sous la forme de croquis laisse au lecteur le libre choix d'imaginer son propre décors et notamment de prolonger les traits qui semblent parfois sans limites, voire même inachevés. On peut citer le dessin « Narcisse » (p. 34), qui montrent un corps de femme aux traits plus ou moins terminés. De plus, ce corps sans tête tient un masque dans sa main. Le lecteur peut choisir l'interprétation qu'il souhaite par rapport à cet élément du dessin. (lire le poème Narcisse p. 34)

La vision du recueil Les Mains Libres est donc relative à chacun. En ce sens, les portraits situés à la fin du recueil n'ont pas de texte ce qui laisse aux lecteurs une plus grande liberté d’interprétation. Ils ne sont pas accompagnés de poèmes, ce qui rend leur interprétation beaucoup plus libre, le lecteur peut s'imaginer un tas de choses sans être influencé par un texte.

De plus, Paul Eluard est libre d'illustrer les dessins de Man Ray comme il le souhaite. En ce sens, Eluard se sert de ses dessins comme déclencheurs de rêves, une sorte de prolongation ou d'appropriation personnelle. Tout comme Eluard, le lecteur s'inspire des poèmes et des dessins pour épanouir sa créativité et dégager sa propre interprétation et de créer des liens plus ou moins perceptibles entre dessin et poème.

(Athé) CONCLUSION : André Breton, le créateur du surréalisme a dit que le « langage a été donné à l'Homme pour qu'il en fasse un usage surréaliste ». Cela sous-entend une certaine forme de liberté à travers le terme « surréalisme », et c'est en effet ce qui se passe dans Les Mains Libres. Cette œuvre réalisée à quatre mains, cette collaboration créatrice nous donne une vision de la liberté à travers différentes formes de celle-ci [la liberté] pour au final coïncider en un point : la liberté permet la diversité de la création ainsi que de l'interprétation de l'art. Cette liberté entraine un renouvellement esthétique au sein de cette œuvre et du mouvement surréaliste.

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