La
liberté dans "Les mains libres"
(Georgia)
Le surréalisme est un courant artistique et littéraire apparu
pendant l'entre deux guerre. Il cherche à briser les règles
habituelles de la création et à libérer les artistes des
contraintes qui leur étaient imposés. D'un point de vue moral,
artistique ou littéraire, la liberté, généralement défini comme
l'absence de contraintes est un point central du mouvement
surréaliste. De plus, Paul Eluard et Man Ray mettent en avant cette
notion de liberté. On peut le constater dès la première de
couverture avec le titre du recueil : « Les Mains
Libres ». Il montre la liberté de mouvement de d'expression à
travers les mains, outil essentiel à la création.
PROBLEMATIQUE :
Dans quelle mesure la liberté se manifeste-elle dans ce recueil ?
I.
LA LIBERTE DANS LA FORME, LE RENOUVELLEMENT ESTHETIQUE :
Tout
d'abord, on peut remarquer une rupture avec les règles classiques
parce que, dans cette œuvre, ce sont les poèmes qui viennent
illustrer les dessins de Man Ray ce qui implique une grande prise de
liberté dans la mise en forme de ce recueil.
De plus, il est possible de voir que Paul Eluard ne rejette pas tous les conventions de l'écriture poétique bien qu'il pratique majoritairement l'écriture en vers libres. En effet, la forme du poème « Fil et Aiguille » (p.11) est un quatrain d'hexasyllabes, néanmoins, on peut remarquer que les vers ne sont pas liés par des rimes. De plus, certains poèmes mêlent différents types de vers, pairs et impairs, courts et longs. Par exemple, « Belle Main » (p. 67) est composé de vers de 3,4,6,8,10 et 12 syllabes.
Le dernier poème, « Les amis » (p.118) est un poème en prose qui garde les marques de versification traditionnelles qu'avec le retour à la ligne et la majuscule initiale.
De plus, les poèmes n'ont pas une structure fixe, certains sont des monostiches, comme « L'attente » (p.90), d'autres des distiques « J » (p.39) ou encore « Feu d'artifice » (p.105).
Les dessins de Man Ray ne respectent pas réellement le cadre artistique traditionnel, en ce sens, il n'y a pas de limites.
En effet, les dimensions des femmes sont souvent disproportionnés par rapport au reste de l'image. Nous pouvons remarquer cela dans l'image du frontispice où la femme est très grande par rapport au pont d'Avignon sur lequel elle est couchée. Aussi, dans le dessin « Pouvoir » (p. 64), la femme est représentée plus petite que la main de l'Homme. Cette opposition met en avant la liberté de Man Ray a dessiner sans limites. De plus, les dessins sont souvent qu'une association d’éléments n'ayant peu voire aucun rapport réel, effectivement ce sont les poèmes qui parfois parviennent à tisser un lien entre les différents objets. En effet, les poèmes ne sont pas forcément liés aux images, ce qui nous montre une certaine forme de liberté.
De plus, il est possible de voir que Paul Eluard ne rejette pas tous les conventions de l'écriture poétique bien qu'il pratique majoritairement l'écriture en vers libres. En effet, la forme du poème « Fil et Aiguille » (p.11) est un quatrain d'hexasyllabes, néanmoins, on peut remarquer que les vers ne sont pas liés par des rimes. De plus, certains poèmes mêlent différents types de vers, pairs et impairs, courts et longs. Par exemple, « Belle Main » (p. 67) est composé de vers de 3,4,6,8,10 et 12 syllabes.
Le dernier poème, « Les amis » (p.118) est un poème en prose qui garde les marques de versification traditionnelles qu'avec le retour à la ligne et la majuscule initiale.
De plus, les poèmes n'ont pas une structure fixe, certains sont des monostiches, comme « L'attente » (p.90), d'autres des distiques « J » (p.39) ou encore « Feu d'artifice » (p.105).
Les dessins de Man Ray ne respectent pas réellement le cadre artistique traditionnel, en ce sens, il n'y a pas de limites.
En effet, les dimensions des femmes sont souvent disproportionnés par rapport au reste de l'image. Nous pouvons remarquer cela dans l'image du frontispice où la femme est très grande par rapport au pont d'Avignon sur lequel elle est couchée. Aussi, dans le dessin « Pouvoir » (p. 64), la femme est représentée plus petite que la main de l'Homme. Cette opposition met en avant la liberté de Man Ray a dessiner sans limites. De plus, les dessins sont souvent qu'une association d’éléments n'ayant peu voire aucun rapport réel, effectivement ce sont les poèmes qui parfois parviennent à tisser un lien entre les différents objets. En effet, les poèmes ne sont pas forcément liés aux images, ce qui nous montre une certaine forme de liberté.
II.
LA LIBERTE D'EXPRESSION, DE CREATION :
(liberté
en générale)
Dans ce recueil, la liberté d'expression est évoqué de manière
relativement générale. Les artistes à l'origine de ce recueil ne
se contraignent pas à donner un sens aux objets qui les entourent
par exemple. On peut évoquer « Objets »
(p.27)
où tous les éléments qui constituent le dessin ont perdu leur
utilité ainsi que leur sens pratique. Il n'y a donc plus de
rationnalité ou de logique. Quand au texte, il indique que Paul
Eluard entre « au bois diamant » ce qui pourrait être
considéré comme une porte ouverte sur l'imagination. Cela peut être
une référence au conte, et donc à l'imaginaire. Avec l'expression
« tous les paysages », on peut constater que Paul Eluard
se permet d'imaginer différents lieux. Le poète montre ainsi la
liberté d'expression commune à lui et à Man Ray. Au cours de ce
recueil, les mains de ces deux derniers se « délient »
comme dans le vers du poème « Histoire
de la science » (p. 81)
« Que tes mains se délient ». Il s'agit d'une référence
au titre du recueil, les mains deviennent libres, dénouées
détachées et délivrées des contraintes des règles classiques qui
emprisonnaient l'art jusque-là. On peut également parler du poème
« La
liberté » (p.68) :
comme son titre l'indique, il évoque le fait d'être libre, et de
n'avoir aucune contraintes. On peut voir sur le dessin une femme
relativement aérienne. Sa nudité montre encore plus sa liberté. On
peut alors proposer deux tentatives d'interprétation. Elle peut
mener l'assaut contre la forteresse en bas à droite du dessin ou
bien avancer tout simplement vers un avenir meilleur. Dans les deux
cas, cette femme représente comme toutes les autres dans ce recueil,
une allégorie de la liberté triomphante. Quand au texte, il sonne
comme un véritable hymne à la liberté. On remarque une anaphore
aux vers 1 et 2 du mot « Liberté ». Dans le premier
vers, la femme est décrite telle une danseuse, comme si elle
s'envolait. Au vers suivant, on devine une définition de la
liberté : elle constitue un idéal simplement et sublimement
merveilleux, tout comme la femme qui apparaît dans son plus simple
appareil, c'est-à-dire la nudité. De plus, une allitération en
« l » appuie sur le motif sonore musical. La femme est
donc dans ce poème, un symbole clé de la liberté.
(la
femme et le désir)
Effectivement, la base de ce recueil repose sur la femme et son
corps. Elle est en le thème central, et est donc totalement adulée
des deux artistes surréalistes. On la retrouve dans de nombreux
dessins, souvent dénudée, symbolisant la liberté à l'état pur.
On peut citer les dessins illustrés par les poèmes
« La peur » (p.103)
et « Les
yeux stériles » (p.56).
La femme est ici abordée comme un objet de désir intense, dont se
servent les artistes pour créer. Ils laissent donc leur désir
personnel prendre part à leurs créations, sans se donner la moindre
limite. Ils ne se soucient pas de savoir si les sujets abordés comme
la sexualité ou le désir sont des sujets tabous ou non. On peut
évoquer le poème « Les
sens » (p.44) qui
sous-entend de façon explicite l'excitation sexuelle, comme on peut
le constater dans ces vers « Ta bouche séduit ton visage ;
Et ton corps peut venir ; Battant comme un cœur. » C'est un
poème érotique et nous pouvons le constater dès les premiers vers,
la nudité est évoquée avec « Dévêtue et le front pur ».
Dans le quatrain, on peut comprendre la violence du désir, et dans
le quintil, l'ouverture du visage vers le désir. En ce qui concerne
le dessin, le visage de la femme est légèrement incliné en arrière
et sa bouche est entrouverte, laissant place au désir. Man Ray
néglige ici l'esthétique de l'objet que l'on distingue derrière ce
visage, ainsi que la main : il met en avant la métamorphose de
la figure de la femme au moment de l'abandon au désir. Il n'y a pas
de tabous dans ce recueil, le sexe et la femme sont évoqués de
façon plus ou moins explicites, selon les envies des auteurs.
« Le Don » (p. 24)
en est un bon exemple : les termes « noyau » et
« figue » font référence au sexe féminin de manière
implicite. Ainsi, la liberté en ce qui concerne la femme n'est pas
forcément associé à la provocation, cela peut être beaucoup plus
subtile. Cette liberté du corps et de toutes les sensations qui s'y
rapportent est très importante pour les surréalistes que sont Paul
Eluard et Man Ray car cela les pousse à explorer au plus profond de
leur pensée grâce au désir.
(le
rêve, l'inconscient, l'imaginaire : univers qui ne sont pas
limités aux choses matérielles)
En effet, leur création devient libre grâce à la libération de
leur inconscient. Il faut se libérer pour mieux créer. Les deux
artistes laissent libre cours à leurs rêves, comme par exemple avec
le poème
« Rêve » (p.78).
On peut relever des expressions comme « La tour Eiffel est
penchée » (v.3), « Les ponts sont tordus » (v.4)
ou encore « ma maison est en ruine » (v.6). Les bâtiments
sont donc modifiés, voir détruits. Le dernier vers est la clé de
ce poème « Je me déshabille » montre un chemin vers la
liberté par le fait de se dévêtir. Sur le dessin, on peut voir un
train aux proportions démesurés partir en fumée au-dessus d'une
ville. Man Ray a sûrement fait ce dessin suite à un rêve que Paul
Eluard a interprété à sa manière. Il faut rappeler que les
dessins sont été fait en premier et que le poète a réalisé les
textes à partir des oeuvres de Man Ray. Pour revenir aux éléments
irrationnels que comportent certains dessins, il y a également
"Où se fabriquent les crayons" (p.116).
On peut y voir une montagne en arrière plan, avec un serpent
gigantesque par rapport au reste du dessin. Au premier plan, un
petit village est dominé par un crayon géant, qui pourrait
représenté un clocher. Ce lieu est insolite, délivré de toute
raison, appartenant au domaine du rêve et de l'imaginaire. Libre à
nous, lecteur, d'interpréter comme bon nous semble ce genre
d'images.
(Athé)
III) LA
LIBERTE D'INTERPRETATION POUR LE LECTEUR ET LES ARTISTES :
Le
lecteur tient une place importante dans Les Mains Libres puisqu'il
est libre de former sa propre interprétation. En effet, du fait que
les dessins soient sans couleurs, représentés sous la forme de
croquis laisse au lecteur le libre choix d'imaginer son propre décors
et notamment de prolonger les traits qui semblent parfois sans
limites, voire même inachevés. On peut citer le dessin « Narcisse »
(p. 34),
qui montrent un corps de femme aux traits plus ou moins terminés. De
plus, ce corps sans tête tient un masque dans sa main. Le lecteur
peut choisir l'interprétation qu'il souhaite par rapport à cet
élément du dessin. (lire
le poème Narcisse p. 34)
La vision du recueil Les Mains Libres est donc relative à chacun. En ce sens, les portraits situés à la fin du recueil n'ont pas de texte ce qui laisse aux lecteurs une plus grande liberté d’interprétation. Ils ne sont pas accompagnés de poèmes, ce qui rend leur interprétation beaucoup plus libre, le lecteur peut s'imaginer un tas de choses sans être influencé par un texte.
De plus, Paul Eluard est libre d'illustrer les dessins de Man Ray comme il le souhaite. En ce sens, Eluard se sert de ses dessins comme déclencheurs de rêves, une sorte de prolongation ou d'appropriation personnelle. Tout comme Eluard, le lecteur s'inspire des poèmes et des dessins pour épanouir sa créativité et dégager sa propre interprétation et de créer des liens plus ou moins perceptibles entre dessin et poème.
(Athé)
CONCLUSION :
André Breton, le créateur du surréalisme a dit que le « langage
a été donné à l'Homme pour qu'il en fasse un usage surréaliste ».
Cela sous-entend une certaine forme de liberté à travers le terme
« surréalisme », et c'est en effet ce qui se passe dans
Les
Mains Libres. Cette
œuvre réalisée à quatre mains, cette collaboration créatrice
nous donne une vision de la liberté à travers différentes formes
de celle-ci [la liberté] pour au final coïncider en un point :
la liberté permet la diversité de la création ainsi que de
l'interprétation de l'art. Cette liberté entraine un renouvellement
esthétique au sein de cette œuvre et du mouvement surréaliste.
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